par Thierry Piolatto

Pour l’amour du cuir chevelu, il lui a consacré sa vie et ses ouvrages.

Le Docteur Pierre Bouhanna est dermatologue chirurgien exclusif du cuir chevelu et passionné par les cheveux. Certains ont une bonne étoile mais lui en a 2 qui lui ont déclenché cette passion : la première le Professeur René Touraine qui voyageait beaucoup aux USA. Il lui avait dit en 1974 : « Pourquoi ne t’intéresses-tu pas aux greffes de cheveux ? Aux USA c’est très développé alors qu’en France personne ne le fait ! » Il a présidé sa thèse de Doctorat en Médecine dans son service en 1976 « Le cuir chevelu. Les alopécies définitives et leurs trai-tements ».


La seconde étoile ?
Son oncle le docteur Jules Nataf, chirurgien esthétique à Nice, qui le prend comme assistant, période pendant laquelle il publie en 1976 dans la revue de chirurgie esthétique « La chirurgie du cuir chevelu : critiques et propositions ». Le virus était là et les greffes de cheveux sont vite devenues une passion. En 1982 il met d’ailleurs au point une technique, le phototrichogramme, pour mesurer tous les paramètres du cuir chevelu afin d’améliorer les techniques chirurgicales. Ce système macro photographique étudie avec précisions les zones à traiter, procédé très répandu aujourd’hui avec le tricholab®. Plus tard, il mettra au point la classification multifactorielle pour mieux analyser un cuir chevelu.

C’était compter sans une troisième étoile ! C’est le Professeur Jean Civatte, grand patron de la dermatologie à L’hôpital Saint Louis qui l’a beaucoup soutenu en lui permettant de développer le centre du cuir chevelu. En 1998, il crée le Diplôme Universitaire de Chirurgie du Cuir Chevelu, Université Paris VI, Hôpital Pitié-Salpêtrière qu’il dirige toujours. 

Quand tu es passionné, tu cherches et parfois tu trouves !

Passionné par la diversité des demandes chirurgicales comme l’alopécie féminine, les femmes africaines qui détruisent leur chevelure (alopécie de traction) et plus récemment un nouveau monde pour lui : les femmes qui ont eu des cancers du sein. Il y a celles qui ont fait de la chimiothérapie et chez lesquelles nous observons une repousse complète et celles qui ont pris pendant 5 ans certaines hormones qui ont développé une alopécie andro-génétique. Ces alopécies peuvent heureusement bénéficier d’une greffe de cheveux.

Pourquoi ils tombent ?

Une anecdote : « Un patient âgé de 45 ans vient me voir de Pologne pour effectuer une greffe. Le voyant dans la salle d’attente, je me dis : il doit avoir une syphilis. C’est confirmé par une prise de sang et je lui prescris des antibiotiques. Plusieurs mois passent et mon patient revient … avec des cheveux ! La cause de sa chute de cheveux était bien la syphilis, aucune greffe n’a été nécessaire. Ceci pour dire que le diagnostic médical est essentiel avant de faire tout traitement ». On va vers des âges de plus en plus élevés et les personnes veulent garder leurs cheveux. Selon lui, il est plus facile d’opérer une personne de 80 ans que de 20 ans car elle a bien mûri son projet et il n’y aura pas d’évolution majeure. La personne de 20 ans a devant elle 60 ans marqués d’évolutions. Attention surtout à ne pas amputer la zone donneuse trop tôt. C’est un capital à ne pas gâcher !

Les cheveux synthétiques, nouvel horizon ?

« Mes premières publications sur les cheveux synthétiques datent d’il y a 30 ans. Des articles sur les cheveux synthétiques japonais mettaient en avant leurs avantages et inconvénients. Après avoir fait une étude, j’avais conclu à l’époque que cela n’était pas dangereux mais cela n’était pas suffisamment convaincant. J’ai préféré attendre beaucoup plus tard l’arrivée de cheveux synthétiques mis au point en Israël qui sont mieux tolérés. Un des organes qui a le plus d’anticorps avec rejet de corps étrangers, c’est en effet le cuir chevelu. Il agit comme un bouclier protecteur. Les cheveux synthétiques ne sont à utiliser qu’en l’absence d’autres solutions. Il faut que les indications soient bien posées et toujours faire un test préalable ». 

Dans quel endroit du monde perd-on le plus de cheveux ?

On pourrait penser surtout dans le bassin méditerranéen (exemple: la calvitie hippocratique). Ce type de chute de cheveux est liée à la réceptivité aux hormones mâles. Quand on est réceptif génétiquement à la testostérone on développe une alopécie androgénétique. A l’inverse, les indiens d’Amérique du sud, les asiatiques montrent moins de tendance à la calvitie. La génétique pourrait trouver et prédire la calvitie à terme mais malheureusement, on ne sait pas encore comment la prévenir. On ne peut que la ralentir et la corriger. En Afrique, il y a de plus en plus d’alopécies en raison de la mode des cheveux tirés et de l’utilisation de produits capillaires qui abîment les cheveux. Les africaines rêvent d’avoir des cheveux raides…


Quels futurs projets ?

« Continuer à chercher, à prouver et à former en s’appuyant sur trois pôles : ici au CCMC avec mon fils Éric, à l’hôpital Saint louis pour l’étude des pathologies et à la Pitié Salpêtrière pour les enseignements du diplôme universitaire ». En 2015 le “Platinium Award” de l’ISHRS (International Society of Hair Restoration Surgery) lui était remis pour l’ensemble de ses travaux. Il travaille aussi sur la culture de cheveux avec des centres de recherche mais on s’aperçoit qu’au bout de quelques jours les cheveux cultivés ne poussent plus et on ne sait pas pourquoi. C’est un axe de recherche intéressant. « Mon rêve ? Former des chirurgiens dans un metaverse… ».

LES GRANDES ÉTAPES

  • 1939 : Le Dr Okuda (Japon) décrit pour la première fois des autogreffes dans le cadre d’une alopécie traumatique
  • 1953 : Le Dr Fujita (Japon) corrige des sourcils chez des lépreux avec des microgreffes.
  • 1959 le Dr Orentreich (USA) décrit la greffe par punch cylindrique.
  • 1989 le Dr Bouhanna (France) développe la FUT à cheveux longs sans rasage (FUL)
  • 2002 le Dr Rassman (USA) développe la FUE avec rasage préalable.
  • En 2022 : nous sommes en face de 2 procédés non antagonistes selon les patients avec leurs avantages et inconvénients : Bandelettes FUT ou FUE.

LE DR PIERRE BOUHANNA A ÉCRIT 11 LIVRES ET 133 ARTICLES AVEC EN PARTICULIER

  • Greffe FUT à cheveux longs sans rasage (FUL) “Greffes à cheveux longs immédiats”.
  • Greffes des patientes Afro-Américaines “Les greffes de cheveux chez les patients afro-américains”.
  • Greffes des alopecies androgénétiques après cancer du sein “L’alopécie après certains traitements anticancéreux”
  • Le phototrichogramme. “The phototrichogram: an objective technique used for hair replacement surgery evaluation”.
  • Classification multifactorielle des alopecies androgénétiques
  • “Chirurgie du cuir chevelu par microgreffes“. Encyclopédie de chirurgie orale et maxillo-faciale (EMC)
  • “The alopecias: Diagnosis and treatments” avec le Dr Eric Bouhanna. CRC Press Editions
  • “Chirurgie de la Calvitie”, avec le Dr JC Dardour. Editions Springer-Verlag
  • “Pathologie du cheveu et du cuir chevelu” avec le Dr P. Reygagne. Editions Masson
  • “Garder et retrouver ses cheveux. Les nouveaux traitements”. Editions Springer
  • “Soigner et préserver ses cheveux. Les nouveaux traitements du cheveu”. Editions ALPEN
  • “Les Alopécies : de la clinique au traitement”, Editions MED’COM“

OÙ LE TROUVER ?

CCMC Dr Pierre Bouhanna

23 Av. Niel, 75017 Paris bouhanna.com 01 42 27 15 44

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