Dr Franck Ouakil 

Aucun traitement médicamenteux n’est proposé pour traiter le problème bénin mais invalidant de la gynécomastie et la chirurgie a longtemps été la seule réponse thérapeutique. Après plusieurs années d’utilisation, la médecine esthétique à travers la Cryolipolyse a validé sa place privilégiée comme traitement de ce complexe chez l’homme et a permis de développer une nouvelle approche que j’expose ici.

Comment dénir la gynécomastie ?

La gynécomastie est le développement excessif de la glande mammaire chez l’homme. Elle peut toucher un seul sein (forme rare) ou les deux côtés, de façon plus ou moins asymétrique. Lorsque l’excès de poitrine est lié à l’accumulation isolée de graisse, on parle alors d’adipomastie (ou pseudo-gynécomastie). C’est un phénomène d’apparition progressive et fréquemment observé au cours d’une vie masculine, particulièrement à l’adolescence (40 % des garçons présentent au moment de la puberté une petite gynécomastie) et après 50 ans ; la poitrine s’alourdit alors avec une composante graisseuse relativement importante.

Attitude thérapeutique : quelles techniques privilégier ?

La gynécomastie est parfois physiologique et se résout souvent spontanément pendant les quelques années qui suivent son apparition. Il ne faudra donc pas se précipiter pour traiter le problème à l’adolescence. Au-delà de cette période de vie, devant la persistance de cet excès de poitrine et en fonction de la gêne occasionnée, un traitement doit être envisagé.

La seule proposition était jusqu’à maintenant chirurgicale par l’ablation directe de la glande avec incision au niveau de l’aréole, appelée « mastectomie sous-cutanée subtotale », certains cas extrêmes demandent même un lifting cutané à cicatrice horizontale longue et très visible pour résorber l’excès de peau.

La liposuccion qui aurait pu être une technique intéressante d’extraction sans cicatrice de la graisse excédentaire (présente dans l’adipomastie) s’est avérée décevante car les adipocytes sont souvent enchâssés dans une trame glandulaire dense rendant leur aspiration peu efficace. Depuis 2014, début de mon expérience en Cryolipolyse, j’ai pensé utiliser cette méthode révolutionnaire de réduction de la graisse par le froid au niveau de la poitrine masculine.

Dans le discours standard, il est dit qu’elle permet dans la grande majorité des cas de réduire de 30% la masse graisseuse, soit 50 % en moyenne en 2 séances.

La sélection des cas

Les patients potentiellement porteurs d’un problème médical plus général sont bien sûr diagnostiqués et réorientés chez un spécialiste type endocrinologue. Initialement, je retenais les adipomasties ou adipo-gynécomasties qui étaient préalablement analysées en échographie par un radiologue pour évaluer la présence et la proportion de graisse. Progressivement, j’ai commencé à traiter des cas plus jeunes avec des gynécomasties plus ou moins classiques à composante glandulaire certaine en expliquant à chaque fois que cela réduirait toujours la partie graisseuse existante, surtout sans opération, et sans contrainte. J’ai ainsi obtenu l’adhésion de nombreux patients à ce protocole, qui est devenu progressivement une routine.

Comment se déroule une séance ?

Après analyse et explication des attentes réalistes en fonc-tion du cas, la séance se déroule comme ci-dessous :

1. Prise des mesures à l’aide de l’échographe intégré à la machine.

2. Prise de photos dans plusieurs positions toujours identiques.

3. Installation confortablement sur le dos, bras le long du corps, légèrement écartés.

4. Pose d’une lingette de modèle professionnelle à visée médicale. L’emploi exclusif de ce consommable est un des éléments fondamentaux de la sécurité du traitement. Sa surface est nettement supérieure à la zone traitée pour garantir une couverture complète même après aspiration.

5. Je réalise moi-même les réglages de la machine Cristal Pro® de Deleo que j’utilise depuis 2014 (depuis 2019 dans sa version Pro) :

  • a. Choix des applicateurs : Emerald ou plus rarement Sapphire sur chaque côté.
  • b. Niveau d’aspiration autour de 300 mBar.
  • c. Température -10°.
  • d. Durée 60 minutes.

6. Le traitement se termine par un massage ferme de 10 minutes permettant un retour à une température normale des tissus. Je préconise 1 à 3 séances en fonction de l’évaluation du résultat (avec prise de photographies) réalisée en consultation par mes soins 1 mois après chaque séance. En effet, les premiers résultats commencent à apparaitre au bout de 4 semaines et c’est à ce moment-là que l’on détermine la poursuite ou la fin du traitement, les aspects définitifs étant obtenus après 3 mois.

C’est une méthode sûre et fiable, où les contre-indications (troubles de la circulation sanguine ou pathologies cutanées chroniques) et effets secondaires (brûlures jamais constatées pour ma part, hypertrophie paradoxale très exceptionnelle dont je n’ai aucun cas à signaler à ce jour notamment au niveau de la poitrine) sont très rares, et qui seraient résolus par méthode chirurgicale si besoin.

La Cryolipolyse permet une réduction réelle et nette, souvent spectaculaire de l’excès de poitrine chez l’homme. Elle représente de nombreux avantages par rapport à la chirurgie traditionnelle au point d’être devenue dans ma pratique la méthode de référence n°1 pour traiter en première intention toutes les gynécomasties.

Si au départ je l’ai réservé à la pure adipomastie de l’adulte d’âge mûr, je la propose aujourd’hui dans tous les cas et à tous les âges. Je sais qu’un bénéfice sera presque toujours offert à des degrés variables et sans contrainte ni cicatrice. Très souvent de plus, je traite en cryolipolyse des cas que je n’aurais jamais traité par chirurgie. La chirurgie d’exérèse directe est désormais réservée pour moi aux gynécomasties pures à forte composante glandulaire du sujet jeune et demandeur d’un traitement radical ou aux résultats insuffisants de cryolipolyse.

Finalement dans ce domaine, la médecine esthétique a gagné le match contre la chirurgie esthétique.

Dr Franck Ouakil

Chirurgien plasticien et esthétique. DES de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique en 1990. Installé en libéral depuis 1996. Ancien interne et Ancien Chef de clinique des hôpitaux de Paris. Ancien Attaché à l’hôpital Saint-Louis. Post-graduate du Pr Pitanguy-Brésil. Pratique polyvalente en chirurgie et médecine esthétique. Spécialisé en rhinoplastie et formateurs en techniques d’injections (Toxine, Acide hyaluronique, inducteurs collagéniques) pour plusieurs laboratoires depuis de nombreuses années. Utilisateur de la Cryolipolyse depuis 2014.

Plus d’informations : docteurouakil.com 

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